Une délégation de l’association a été reçue par la ministre de la Santé, Martine Deprez, afin de discuter des problèmes de santé physique et mentale des victimes de violences intrafamiliales, sexuelles ou sexistes.
Outre les blessures directes résultant de la violence physique, les victimes connaissent des taux accrus de troubles psychologiques, notamment la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique, la toxicomanie et les tendances suicidaires. Les victimes peuvent également développer des maladies fonctionnelles qui compromettent leur qualité de vie. L’impact physique et mental de plusieurs épisodes de violence est cumulatif et peut se manifester chez les victimes même lorsqu’elles n’en subissent plus.
Nous souhaitons une amélioration de la réponse sanitaire mise en place par les pouvoirs publics. Pour ce faire, voici nos propositions :
- Monitoring
- Proposer à l’Observatoire national de la Santé de consacrer un rapport thématique à l’impact des violences sexuelles et sexistes sur la santé.
- Chiffrer le coût des dépenses de santé liées à ces violences.
- Constituer une Commission contre la violence de genre au sein du Conseil Supérieur de Certaines Professions de Santé.
- Aide d’urgence
- Créer un Barnahuis pour la prise en charge centralisée des enfants victimes de violence sexuelle, en synergie avec un service pédiatrique d’urgence spécialisé dans la détection des abus sexuels.
- Mettre en place un service UMEDO accessible pour les jeunes en âge de maturité sexuelle (13 ans).
- Mettre en place une Hotline accessible sept jours sur sept, 24 heures sur 24, accessible aux personnes en situation de violence.
- Faciliter la prise de plainte pour les victimes de violences conjugales lorsqu’elles sont hospitalisées et/ou quand elles viennent aux urgences.
- Améliorer la prise en charge des troubles psychosomatiques et psychotraumatologiques
- Prévoir une polyclinique des troubles psychiques et psychosomatiques, qui prend notamment en charge les traumas psychiques via des offres thérapeutiques ambulatoires. Les heures d’ouverture restent à définir (7j/7 ?).
- Développer un concept d’un service hospitalier stationnaire ou d’une clinique spécialisée de médecine psychosomatique, spécialisée dans la prise en charge des traumas complexes.
- Mettre en place un réseau de compétence des maladies psychosomatiques, tel que prévu par l’Art. 28(2) de la loi modifiée du 8 mars 2018 relative aux établissements hospitaliers et à la planification hospitalière, réseau qui témoignera également d’une compétence dans la prise en charge de traumas.
- Formation et sensibilisation
- Associer d’anciennes victimes à la formation initiale et continue du personnel de santé et en particulier du personnel des services d’urgences et de la médecine scolaire.
- Mettre en place une formation initiale et continue sur l’égalité ainsi que sur le contrôle coercitif à destination du personnel de santé.
- Sensibiliser les professionnels aux violences obstétricales et gynécologiques.
- Faire connaître aux professionnels concernés, en pédopsychiatrie, l’infondé scientifique du soi-disant syndrome d’aliénation parentale.
- Diffuser dans tous les établissements de soins et chez les professionnels de santé un guide d’utilisation pour signaler les violences (y compris l’application Bright Sky LUX et la signalétique non verbale) ainsi qu’un document unique mentionnant les services d’aide pour les victimes.
- Mettre en place des campagnes nationales de communication mieux ciblées pour faire connaître le service UMEDO.
- Réforme législative
- Introduire dans la loi et sanctionner pénalement la violence psychologique et le suicide forcé.
- Introduire un statut de victime sur base du dépôt d’une plainte de police ainsi que d’un certificat d’un service psycho-social prenant en charge la victime ou d’un rapport médical, pour donner lieu à la reconnaissance des droits des victimes.
- Accorder à chaque personne ayant le statut de victime, sans autre condition préalable, le tiers payant social destiné à faciliter l’accès aux soins médicaux et médico-dentaires.
- Accorder à chaque personne ayant le statut de victime la prise en charge intégrale des consultations chez un psychothérapeuthe.
- Soutenir la réponse pénale
- Apporter une réponse à l’insuffisance du nombre de psychiatres experts judiciaires afin de permettre la réalisation d’expertises approfondies ou de contre-expertises.